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O malédiction, d’où viens-tu, misérable ?
La bouche d’où tu sorts, c’est la plaie incurable,
C’est l’égoût où le sang filtre en rouges caillots,
C’est l’entaille que font les haches aux billots,
C’est le tombeau béant, c’est la fosse entr’ouverte
D’on ne sait qu’elle haleine agitant l’herbe verte.
O malédiction, d’où viens-tu ? De la nuit.
La dernière clarté sous toi s’évanouit ;
Tu viens après le Crime et répands sur le monde
Une autre obscurité qui n’est pas moins profonde,
Et la façon dont toi, le Deuil, tu le combats
Fais tomber la pensée et l’âme encor plus bas ;
Et rien ne vit, et rien n’éclôt, et rien ne crée,
Et rien ne se console en ton horreur sacrée ;
Ce n’est qu’avec l’éclair que tu veux éclairer ;
Tu ne veux que punir, damner, désespérer,
Spectre, et tu fais servir à ces fatals usages
Les esprits, les rayons, les poètes, les sages
Tout ce qui vient d’en haut, tout ce qui vient de Dieux ;
Ta caverne, fermée au ciel clément et bleu,
N’admet q’un flamboiement lugubre sous son porche ;
Un astre dans ta main deviendrait une torche ;
Si tu pouvais, du fond de ton puits sépulcral,
Prendre à Saturne en feu son cercle sidéral,
Hélas, tu n’en ferais que l’anneau d’une chaîne ;
O malédiction, tu te nommes la Haine ;
Tu ne tends pas les bras, non, tu montres les poings.
…/…
La pitié suprême
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